Depuis lors, il n’aborde plus ce sujet délicat, mais il y a seulement quatre ans, le Pape François, le 25 mai 2016, a dit : « la grande majorité des mariages sacramentels sont nuls [1]». Quand les mariages catholiques sont ainsi qualifiés par le Saint-Père, que faut-il penser des nouveaux artefacts du mariage ? La dérive du sacrement est forte et, c’est bien sous le fallacieux prétexte d’obtenir une égalité pour ainsi dire « parfaite » voire plus, que les femmes catholiques en sont arrivées là.
Avec une liberté qui n’est que celle de l’économie, c’est l’égalité aussi qui triomphe, non pas celle de Saint-Paul (Galates 3.27): « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous, vous êtes un en Jésus-Christ », mais la libérale, inféodée à un Etat technocratique qui gère la femme et l’homme au même titre que les autres paramètres de l’ère de l’industrie. La philosophie du couple catholique justifiait les interdépendances par la complémentarité de l’alliance. Cependant, alors qu’ils étaient parfaitement égalitaires dans leur dignité, ces liens sacrés, propres au talent de l’association, étaient et ne pouvaient qu’être inégalitaires dans les rôles.
Du point de vue féministe, il est évident que ces autres paroles fort célèbres de Saint-Paul : « Femmes soyez soumise à vos maris » (Éphésiens 5.22) sont totalement disqualifiées. Personne ne défend le despotisme, le consensus est universel ; cette disqualification en apparence est logique, car elle sous-entend le refus de la tyrannie ; mais en apparence seulement, car Saint-Paul n’a jamais prôné le despotisme ni la tyrannie.
C’est d’un tout autre message dont il est question dans cette exhortation. Il en appelle à la sincérité de cœur, car chacun doit recevoir le bien qu’il aura lui-même fait. Il préconise une alliance dans laquelle les interdépendances bénéficient du don de soi de chacun, christique et réciproque. L’absence de dessein dictatorial est évident dans la suite de l’exhortation de Saint-Paul, car, il demande aux hommes de se donner à leur femme jusqu’au sacrifice suprême (Éphésiens 5.25) : « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle ». Saint-Jean est sans ambiguïté (Jean 3:16) : « Nous avons connu l’amour, en ce qu’Il a donné sa vie pour nous ; nous aussi, nous devons donner notre vie ».
Saint-Paul est très loin de l’apologie du despotisme qui est dénoncée dans la position féministe. Cependant, quand on situe ses paroles face à l’idée contemporaine d’un bonheur facile, individualiste, matérialiste et superficiel, il est vrai qu’il demande beaucoup – aux femmes comme aux hommes – et l’on a du mal à porter crédit à ce genre de sermon.
La générosité, la bonté, comme l’hospitalité, ont été des principes communs universels. La réciprocité dans la solidarité – le don mutuel – a été prôné pour des raisons religieuses et sociales. Le tournant idéologique, réalisé par Mandeville, dont le précepte fut : « les vices privés font le bien public ! » n’était pas encore accompli et, à ce moment-là, il était probablement inconcevable qu’il le soit un jour. Les principes d’Adam Smith concernant la richesse des nations, qui ont établi le monde moderne et ont permis l’avènement de la croissance industrielle, n’avaient pas encore été formulés. On croyait que la Cité, comme la Nation, devait être établie sur des données éthiques.
Au 21e siècle, il est inenvisageable que la mariée demande à l’élu qu’il soit prêt à mourir pour elle et que le mari demande à l’élue qu’elle lui soit soumise. En conséquence, de prime abord, le débat est anachronique.
La discussion est de surcroît périmée parce que l’autorité répressive contemporaine s’est simplifiée en se polarisant sur la seule dimension pécuniaire. Et cette dernière est suffisamment ardue pour que personne ne souhaite y adjoindre des coercitions aujourd’hui désuètes. Les autorités anciennes, sont superfétatoires et mal tolérées. L’individualiste lambda ploie déjà sous le fardeau des fins de mois difficiles, il ne souhaite pas en rajouter.
Les vertus prônées par Saint-Paul sont désormais anachroniques, mais ce n’est pas certain que la femme catholique dont il est question dans cette problématique ait réellement intérêt à les perdre en cautionnant le postulat féministe de domination des hommes sur les femmes (confinées au foyer et contraintes aux tâches domestiques) pour qu’ils puissent les asservir.
Pendant plus de dix siècles, la culture catholique, alors dominante, avait porté le message évangélique dans le dessein de – précisément – s’opposer aux dérives tyranniques des différents pouvoirs. Pour approuver la réécriture féministe de l’histoire, il faut non seulement admettre le postulat féministe, mais aussi, le compléter par celui de l’échec radical des tentatives d’évangélisation de l’Église pendant plus d’un millénaire, en niant les vertus traditionnelles du peuple catholique mâle d’une façon systémique.
La façon de procéder est caricaturale, elle consiste habituellement à décrire un acte d’une inhumanité insupportable, dans un cadre où un homme est en position d’autorité. Un inceste par exemple et de laisser entendre que le monstre décrit est générique du genre masculin. L’équation est : femme soumise + autorité masculine = dérive monstrueuse. L’exhortation de Saint-Paul est directement visée par le procédé.
La conclusion est sans appel : stop à toute autorité masculine ! Dans cette prise de parole affirmant que pendant des siècles la caste des femmes fut la grande victime des hommes, autant dire en toute franchise que le message du Christ n’a jamais été entendu, que l’Église est à mettre à la benne et, à ce moment-là, quitter les lieux. L’équation est un déni de chrétienté masculine, un déni systémique de réciprocité des chrétiens dans le don.
Au-delà du catholicisme, c’est aussi la civilisation qui est compromise, sa délicatesse, son humanité, sa capacité à respecter l’autre ; celle du sens commun, de la conjugalité loyale et de l’amour, celle qui a donné sa base sociétale associative et responsable aux peuples influencés par le christianisme en Europe et ailleurs. Elle fut portée par l’amour conjugal probablement le plus élevé que notre espèce ait connu.
Elle : je te reçois comme époux et je me donne à toi.
Lui : je te reçois comme épouse et je me donne à toi.
Ensemble : Pour nous aimer fidèlement dans le bonheur et dans les épreuves et nous soutenir l’un l’autre, tout au long de notre vie.
Cet engagement est-il donc nul ?
L’Église catholique offre la Cité de Dieu qui n’est pas de ce monde aux hommes, mais elle offre aussi un diamant pour la Cité des Hommes : son couple, probablement le plus grand apport qui ait été fait à notre civilisation.
Il est fort regrettable de le détruire de l’intérieur.
J. et R. Bei

[1] Journal La Croix : « Aux yeux du pape, la grande majorité des mariages sont nuls » Le pape François a demandé, jeudi 16 juin, à approfondir la préparation au mariage en développant un « apostolat de l’écoute » estimant que l’ignorance de l’engagement sacramentel rend le plus souvent les mariages « nuls ». • Sébastien Maillard (à Rome), • le 17/06/2016 à 15:37 http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Aux-yeux-du-pape-la-grande-majorite-des-mariages-sont-nuls-2016-06-17-1200769522

 

 

Le témoignage d’Hanna Gas

L’émotion d’Hanna Gas, qui témoigne dans cette vidéo, illustre parfaitement le non-sens du féminisme chrétien et la façon dont il pollue la conjugalité.
Blogueuse, 15,8 k abonnés :
« Féministe NON, féminine OUI : L’histoire de mon mariage Vidéo-témoignage que je souhaitais faire depuis longtemps. Avec les événements de ma vie privée, j’ai beaucoup réfléchi au sens de ma vie, à ma mission. Je ressens un appel profond à servir. Il faut que ma vie serve. Si vous pouvez apprendre de mes erreurs, ce sera déjà un objectif atteint. Il y a eu deux (ou deux et 1/2) grandes conversions dans ma vie. Celle que je raconte dans cette vidéo est la deuxième. Ce n’est pas facile de raconter ces moments humiliants… surtout dans le monde dans lequel nous vivons. Le récit est un peu lacunaire, il se comprend mieux avec tous les petits détails du quotidien qui « font la vie de couple ». Mais pour ne pas faire une vidéo à rallonge, je suis allée à l’essentiel. Veuillez bien me pardonner les moments d’émotion, je vous prie. Je me sens tellement honteuse d’avoir été « l’ancienne Hanna » que j’ai dû mal à maîtriser mes larmes quand j’en fais mention. Merci. »